Il ne s’est jamais lassé de ce panorama sur le Mont-Blanc et sur les coteaux de Choulex. « Avec une vue pareille, on se lève toujours du bon pied et on est de bonne humeur toute la journée », admet Jean Rivollet, en montrant quelques-unes des photos de lever de soleil qu’il a prises avec son téléphone portable. De vrais tableaux ! Le vigneron a grandi au Domaine de Crève Cœur et, s’il ne se destinait pas au travail de la vigne, optant pour des études d’ingénieur agronome, il s’est retrouvé en première ligne à la suite du décès de son frère dans les années 60.
Un patrimoine à préserver
« J’ai d’abord donné un coup de main à l’exploitation et, comme mon père n’était pas en santé, j’ai vite dû me résoudre à reprendre le domaine », se souvient-il. Jean Rivollet n’a jamais regretté cette décision, apprenant le métier sur le tas. « Je me suis toujours senti privilégié de vivre dans cette maison de famille, un patrimoine que nous avons sans cesse cherché à préserver, et de goûter à ce sentiment de liberté que peut susciter le travail en extérieur. Au contact de la nature, vous développez une certaine forme de sagesse et vous n’avez pas d’autres choix que de l’accompagner dans son rythme de vie. »
Aujourd’hui, Jean Rivollet, désormais à la retraite, a choisi de louer les 60 hectares de terres dédiées aux grandes cultures, mais continue d’exploiter ses 9 hectares de vignoble. « Je garde une partie des raisins pour les vins du domaine. Toute le reste, je le livre à la Cave de Genève ! » Treize cépages différents sont cultivés sur son coteau – afin de proposer une palette la plus large possible aux clients : des traditionnels comme le Gamay, le Chasselas, le Pinot blanc ou le Gamaret, mais aussi quelques spécialités telles que la Mondeuse, noire ou blanche, le Divico et le Divona. « La Mondeuse se plaît bien dans notre région. Quant au Divico et au Divona, ce sont deux nouvelles variétés plus résistantes : nous les avons plantées en 2012 et en 2020. »
L’un des fondateurs de la Cave de Genève
Le vigneron de Choulex est forcément un fidèle de la Cave de Genève : il en est l’un des fondateurs ! « En 1929, mon père était déjà à l’origine de la Cave de la Souche », précise-t-il. « Puis, dans les années 90, le cercle des agriculteurs cherchait un relais pour la vente de nos récoltes et il nous semblait évident que nous serions plus forts ensemble pour promouvoir le vin genevois… » Aujourd’hui, Jean Rivollet trouve que l’organisation de la Cave de Genève – avec une coopérative pour la production et une SA pour la vente – est « une bonne formule ». Mais il aimerait que les magasins et grandes surfaces promeuvent encore plus les vins genevois et suisses…
À l’attaque du XXIe siècle, le Choulésien s’est néanmoins décidé à diversifier son activité et à ouvrir la maison familiale à des visiteurs. Lors des travaux de rénovation en 2003, il a ainsi transformé le corps de ferme et les écuries en gîte rural. L’ancienne cave, elle, est devenue une salle de réception pour les mariages ou les anniversaires. « Nous utilisons également notre terrasse en été pour organiser des dégustations », ajoute-t-il. Jean Rivollet a même profité de ce chantier pour installer un chauffage à plaquettes de bois dans la fosse à purin, inutilisée depuis longtemps. Le Domaine du Crève Cœur est paré pour affronter les défis de demain.