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Tu pousses un peu le bouchon, non ?

Depuis combien de temps utilise-t-on le bouchon en liège pour fermer nos bouteilles ? Est-il vraiment le seul responsable du « fameux » goût de bouchon qui vient parfois gâcher nos soirées de dégustation ? Existe-t-il d’autres alternatives ? Petit traité sur le bouchon, son histoire, sa fabrication et… nos idées préconçues !

Le bouchon en liège naturel fait partie de notre quotidien depuis la nuit des temps. La découverte d’une amphore étrusque, datée du Vᵉ siècle av. J.-C., atteste d’ailleurs de la connaissance et de l’utilisation du liège comme bouchon dès l’Antiquité : la jarre était en effet scellée par une rondelle de liège recouverte d’un mortier de pouzzolane pour en garantir l’étanchéité.

L’histoire du bouchon en liège

Pourtant, l’histoire du bouchon en liège n’a pas été un long fleuve tranquille. Apprécié, oublié ou critiqué, il est le plus souvent accusé de donner cet arrière-goût de moisi au meilleur des vins, alors qu’il est finalement le seul capable d’accomplir cette prouesse : lui permettre de vieillir sereinement.

L’usage du liège comme moyen d’obturation s’est donc perdu au fil des siècles, remplacé par des bouchons plus rustiques, composés à base de pailles, de brindilles ou même de verre, avant de réapparaître seulement au début du XVIIe siècle en Angleterre : le bouchon en liège est alors utilisé pour fermer des potions médicamenteuses ou des bouteilles d’alcool. En France, son usage ne sera redécouvert qu’en 1665 dans la région de la Champagne. Le bouchon en liège profitera ensuite de l’essor industriel de la production de bouteilles pour s’imposer complètement comme « moyen de fermeture le plus efficace ».

La fabrication du bouchon en liège

Comment est-il fabriqué ? À partir de l’écorce du chêne-liège, appelé aussi Quercus Suber, un arbre que l’on trouve sur le bassin de la Méditerranée – notamment au Portugal. Ce dernier reste le plus grand producteur de liège dans le monde, devant l’Espagne, l’Italie et la France.

Le chêne-liège est une espèce unique en son genre : il est le seul capable de survivre à un écorçage grâce à sa faculté de régénération naturelle. Il faut cependant attendre entre 25 et 30 ans après sa plantation avant de pouvoir effectuer la première récolte de liège. Et ce n’est qu’après la troisième récolte, près de vingt ans plus tard, que la qualité de l’écorce sera optimale pour produire d’excellents bouchons. Comme dans la production de vins, la patience est la mère des vertus…

L’écorce de liège prélevée sur l’arbre se présente sous forme de planches que l’on stocke à l’air libre pendant un an minimum pour les laisser sécher. Elles sont ensuite découpées en bande de largeur légèrement supérieure à la longueur souhaitée du bouchon. Une tubeuse automatique prélève ensuite les bouchons dans l’épaisseur de la bande. Les bouchons seront ensuite triés selon leur niveau de qualité : moins le bouchon présente de trous à sa surface, plus il est qualitatif et cher. Sur 150’000 bouchons produits, on peut espérer en avoir 5’000 de très grande qualité. Plus onéreux, ces derniers seront destinés aux vins de garde.

Car c’est là, tout l’avantage du bouchon en liège ! Produit 100% naturel, imputrescible, imperméable aux liquides et peu perméable aux gaz, à la fois élastique et compressible, c’est un matériau qui respire. Il est donc idéal pour les vins de garde, comme notre Infini Syrah AOC, puisqu’il leur permet d’évoluer en douceur dans le temps. Seul hic : aux yeux de tous, le bouchon en liège est le principal responsable du « fameux » goût de bouchon qui vient parfois gâcher une soirée entre amis ou en famille. Mais, s’il peut être à l’origine de la contamination, il n’en est pas le seul coupable…

Les autres types de bouchons

Ces dernières années, à l’initiative de l’industrie, trois autres types de bouchons ont pourtant fait leur apparition pour tenter de remédier à cette problématique :

  • Le bouchon en liège aggloméré – appelé aussi DIAM, du nom de son fabricant le plus connu. Ce bouchon est produit à partir de particules de liège collées ensemble pour constituer le bouchon. Un procédé exploitant les propriétés du CO2 à l’état supercritique (à la fois gazeux et liquide) est utilisé pour nettoyer les molécules qui seraient à l’origine d’une déviance du vin.

  • Les capsules à vis – Il s’agit d’un bouchon en aluminium muni d’une doublure à l’intérieur pour garantir l’étanchéité de la bouteille. De plus en plus répandues dans le monde viticole, elles sont le plus souvent utilisées pour des vins à déguster jeunes. Comme elles empêchent la micro-oxygénation du vin, elles leur permettent ainsi de conserver leurs arômes primaires. Plutôt intéressants pour des vins blancs ou rosés – à l’instar de notre Belles Filles Sauvignon Gris AOC ou de notre Belles Filles Œil-de-Perdrix AOC.

  • Les bouchons synthétiques – Ils sont produits à base de végétaux (canne à sucre), de verre ou de plastique. Le verre a l’avantage d’être réutilisable et recyclable. La canne à sucre, elle, est une matière première renouvelable.

Mais ces bouchons de nouvelle génération sont-ils pour autant une assurance tous risques contre le goût de bouchon ? La réponse est non. Un vin peut tout à fait être bouchonné avec une fermeture en aluminium ou en verre. En effet, ce défaut organoleptique – comme une odeur de moisi ou de vieille cave humide – est provoquée par une molécule malodorante : le TCA ou tricholoroanisole est produite par des moisissures en présence de composés chlorés, les chlorophénols. Or, ces composés chlorés et ces moisissures, on les trouve dans l’atmosphère des chais : ils réagissent chimiquement dans l’air ambiant, produisant des TCA qui se dissolvent ensuite dans le vin stocké ou contaminent les bouteilles.

Conclusion : ne souriez plus bêtement lorsque le sommelier vous fait goûter un vin décapsulé ! Bouchon en liège ou synthétique, vous avez autant de chance de faire la grimace en le dégustant…

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